&Discovery*

< Setsunai ano koro no
tokimeki wa mou... >

Penchée contre son appareil, les jambes en tailleur, Nao s’amusait à démonter puis à remonter son instrument de travail. Le crépuscule qui tendait vers son apogée avait été la principale raison de sa présence sur cette plage, très largement abandonnée du côté de ses criques. Il fallait avouer que ce type d’endroit, à la tombée de la nuit, ne devenait plus très rassurant. Mais il y avait à cette heure-ci, contre les murs de roche, des reflets mauves et orangés qui dansaient avec les ombres de la grotte.

< Itsu no hi mo koko e kite sono mama de ite
hitomi no naka ni. >

Alors, pour ne pas trop être effrayée, Nao avait entamé un vieil air qui lui rappelait qu’elle n’était pas seule. Et puis, de toute manière, elle n’avait plus qu’à prendre quelques photos et elle pourrait rentrer au dortoir. D’ailleurs, cette idée lui fit l’effet d’un apaisement. Même si la chambre était miteuse il y avait toujours un bon lit qui l’attendait. Elle n’en serait que mieux une fois qu’elle sentirait craquer les ressorts de celui-ci.

« Bon. Allons-y. »

La demoiselle se leva donc et posa un pied contre les rochers. Là, elle leva son appareil, l’arma contre son œil et visa. Les quelques oiseaux qui passaient par-dessus le soleil furent figés à jamais dans leur vol, laissant derrière eux une trace que Nao garderait toujours. Cela lui faisait penser qu’elle avait photographié nombre d’inconnu sans jamais l’avoir fait avec sa propre famille. Tout en regrettant l’idée de ne pas avoir pu garder un souvenir de son frère, la jeune fille abaissa son appareil photo et laissa les vagues submerger ses chevilles.

« Je ne sais même pas ce que j’aurais fait avec sa photo. »

Pourquoi les gens quittait la plage, lorsque la nuit tombait ?
Elle était tellement plus belle ainsi, alors que le soleil laissait disparaître ses derniers rayons orangés, et la lune, haut dans le ciel, commençait a apparaitre, de sa lueur blanchâtre. Les gens avaient peur de ce genre d'endroit, de nuit, au crépuscule.. Nana n'avait pas peur de la nuit, peu importe ou, la lune le rassurait par sa lumière. En revanche, les pièces noires et closes lui faisaient bien plus peur. Ici, le bruit des vagues était rassurant, de même que le silence, presque paisible qui s'installait quand les vacanciers disparaissaient.

Et qu'est-ce qu'il fichait là, d'ailleurs ? Marcher, oublier, ne plus rien ressentir. Comme l'envie soudaine de ne plus être humain. Il leva les yeux au ciel, celui-ci se teintant de reflets violine, au fur et a mesure que la nuit approchait. Des oiseaux se promenaient, libre, dans celui-ci. J'aimerais bien être comme eux, pouvoir être libre, pouvoir voler, aussi vite et aussi loin que je le voudrais, pouvoir quitter un peu le sol, de temps a autres. Pourtant, il n'arrêtait pas d'essayer de s'en convaincre : Il n'avait aucun raison d'aller mal. Pourquoi il avait peur de la tournure que prenait sa vie ? Parce qu'elle était trop compliquée. Je n'ai jamais aimer les complications, encore moins amoureuse... Normal, je n'en ai jamais eu avant. Et je ne sais pas comment réagir. Il soupira.

Il entendit d'assez loin une voix, une chanson. C'était joli, comme air, même si il ne le connaissait pas. Après tout, vu l'éducation qu'il avait reçu, ça n'était pas étonnant qu'il ne connaisse pas grand-chose aux vieilles chansons, que tout les autres connaissaient.
Elle a une jolie voix. Il commença a chercher la jeune femme des yeux, même si en temps normal, il l'aurait ignoré et aurait tourné les talons. Peut-être que je pourrais simplement faire preuve de sociabilité pour une fois dans ma vie ? Et puis, parler avec quelqu'un, ou ne serais-ce que de sentir sa présence me ferait peut-être un peu oublier cette solitude stupide dans laquelle je m'enfonce de plus en plus. Et je sais que c'est mauvais.
Il finit par poser les yeux sur une silhouette, petite, fine, un peu plus loin près des rochers. Avec ce qui semblait être un appareil photo. Une photographe ? Les seuls photographes qu'on voit ici vienne de Kinosei, mais bon, étant donné que je me suis jamais impliqué dans la vie de l'établissement, je ne connais aucun des étudiants, et surement pas cette fille non plus.

Il décida de s'approcher légèrement, et finit par s'assoir sur le sable, l'observant de temps a autres. Je ne vais pas la déranger, si ? non, ce serais stupide. Je vais rester un peu, me satisfaire du fait que je ne sois pas le seul a aimer me promener ici quand il n'y a plus personne, et continuer a observer les vagues, c'est tout.

[Je répond dans la soirée ou demain ♥]